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23 janvier 2018  

Un peu sceptique à l'idée de faire appel à une agence de détective privé, et rempli d'a-priori, j'ai enfin franchi le pas, bien poussé par mon avocat. Je n'ai pas l'habitude de laisser des avis, mais je tenais vraiment à remercier toute l'équipe car vous avez été formidable.

Mention spéciale pour l'accompagnement humain...ne changez rien !
Comme promis, je vous tiendrai informé de mon divorce.

26 février 2018  

Je ne laisse jamais de commentaire habituellement mais pour cette fois je fais une exception. Inquiet à l'idée "d'engager" un detective, j'ai été agréablement surpris par l'accueil, les conseils et la qualité de la prestation. Rien à redire. Merci
Éric

 

Le mystère du détective privé

Nous avons percé le mystère des détectives privés !

A Paris, le 04/03/2019 – Rencontre avec David Liobard détective privé,  qui lève le mystère sur l’implication des agents de recherche dans le paysage français et leur façon de procéder. Il nous a promis de répondre à toutes nos questions sans langue de bois ! Révélations ! Des détectives privés en milieu politique ?

 

 

Bonjour Mr Liobard, et merci de nous accueillir et de nous accorder cet entretient car nous savons que votre présence se fait rare dans les médias.

Tout d’abord, comment devient-on détective privé ?

Bonjour. En 2019, pour devenir un détective en France, il faut passer par l’une des formations reconnues afin d’obtenir un agrément du ministère de l’intérieur. Vous pourrez, selon le diplôme, créer votre agence d’investigation, devenir détective salarié ou indépendant. Il est conseillé d’avoir au minimum une licence de droit avant de postuler dans l’une des écoles.

 

 

Quelle est la différence entre les trois ?

Un directeur d’agence gère ses enquêtes de A à Z, il réceptionne ses clients, leur propose une stratégie, effectue ses investigations, rends son rapport et éventuellement les accompagne dans leur procédure auprès de leur avocat. Un indépendant effectue des missions de sous-traitance pour un cabinet, le plus souvent du terrain. Un détective salarié travaille pour le compte d’une agence.

 

 

Et comment devient-on le gérant d’Investipole et de ses 11 agences ?

En restant toujours passionné ! Pour durer et évoluer dans cette profession, vous ne comptez pas vos heures ni vos kilomètres. Il faut alors toujours garder la même passion pour la filature et l’investigation, sinon, vous ne durerez pas longtemps. L’entourage est aussi important afin de pouvoir couper avec ce que vous vivez et ne pas devenir une caricature du détective solitaire.

 

 

Quelles sont les principales qualités pour être un bon détective privé ?

Il vous faudra tout d’abord avoir une bonne connaissance du droit, que ce soit vos droits d’investigations, ainsi que celui de vos clients. Où avez-vous le droit de rentrer ? Quelles types de preuves sont légales et recevables ? Comment administrer la preuve une fois l’avoir récupérée ?

Ensuite vous devrez être un as du volant car un excellent détective est obligatoirement un excellent fileur.

Tout enquêteur doit aussi être un bon caméléon ! Lorsque vous suivez une cible pendant un mois 7j/7, vous devrez changer plusieurs fois d’apparence (on parle de desilhouettage). Il en est de même lorsque vous devez faire des infiltrations. En fonction du milieu que vous infiltrez, vous devrez prendre telle ou telle identité et vous adapter rapidement.

Enfin, vous devrez maîtriser à la perfection la photographie afin de récolter les bons clichés au bon moment. Imaginez que vous effectuez 5 heures de filature pour avoir au final une photo floue à cause d’un grillage et d’une mauvaise mise au point…votre mission est un échec !

 

 

Vous est-il déjà arrivé d’enfreindre la loi ?

Chaque jour… Concernant le code de la route, vous ne devez pas lâcher votre cible tout en restant discret. Si votre cible grille 10 feux rouges, 3 lignes blanches, roule à 80 en ville…et bien vous qui êtes derrière devez le faire aussi. Et comme beaucoup de citoyens ne respectent pas le code de la route…

Sinon concernant le droit d’investigation, les seuls cas où j’ai décidé de volontairement enfreindre la loi étaient lorsque la moralité et la légitimité primaient sur la légalité. Par exemple vous n’avez pas le droit d’enfoncer une porte d’un lieu privé en France. Mais lorsque vous entendez un enfant hurler, victime d’actes complètement atroces, ma moralité prime avant tout et vous oubliez vite le droit. Mais je pense qu’il en est de même pour beaucoup d’individu dans leur vie de tous les jours. Imaginez qu’une femme me demande d’enfoncer la porte d’un bureau d’entreprise afin de récupérer les photos de son époux avec sa maîtresse ? Bien entendu que je refuse systématiquement. Imaginez maintenant qu’il est en train de se passer un viol dans le même bureau, et bien je fais juste mon devoir de citoyen et n’hésiterai pas une seule seconde à intervenir en enfonçant la porte. Tout est une histoire de proportion. J’ai pris une caricature, mais la réalité est plus complexe et de vrais cas de conscience se posent parfois.

 

 

Par exemple ?

Il y a certaines choses assez délicates à expliquer… mais comme je vous ai promis de tout vous dévoiler…  Disons que lorsque cela touche aux enfants, à l’intégrité des personnes…le droit français n’est malheureusement pas toujours bien fait. Libre à moi d’accepter ou de refuser une mission si je sens que le mandant me cache certaines choses primordiales. Tenez par exemple en matière de divorce, le fait de faire suivre sa femme afin de prouver un adultère, puis que le nouveau conjoint est violent est tout à fait légitime en cas d’enjeux, afin de se défendre devant la justice et de prouver que ce nouveau conjoint est néfaste pour une garde d’enfant. Par contre le fait de vouloir identifier le nouveau conjoint et amant de sa femme pour lui détruire sa famille, le rouer de coups, régler ses comptes…c’est autre chose. Lorsque vous débutez vous acceptez un peu toutes les missions à partir du moment où elles rentrent dans les critères d’acceptation, en fermant un peu les yeux sur les intentions des clients. Avec l’expérience, disons que j’ai évolué.

 

 

A ce propos quel est votre avis sur la justice française ?

Il y a beaucoup à dire… Je pense que le système juridique est relativement bien fait si l’on compare au reste du monde. Par contre, j’enlèverai le J majuscule à Justice. En effet la justice, au final, surtout en matière civile, reste au final la décision d’un juge qui n’est qu’un être humain. Ce n’est pas un ordre suprême, ni une force supérieur divine. La preuve, si nous avons la possibilité de faire appel, voire de nous pourvoir en cassation, c’est parce que la justice fait des erreurs. Et comme chaque fois qu’une cour d’appel casse une décision est une erreur juridique…cela prouve qu’il y en a chaque jour.

Je ne remets par contre absolument pas la faute sur les juges en général mais plutôt sur leur manque de moyen. Combien ai-je vu passer de pères de famille par exemple, se voyant retirer la garde de leurs enfants sans raison, avec un dossier de plus de 500 pages jugé en 1 heure. Les tribunaux sont saturés. Une assignation en divorce classique prendra entre 6 mois et plus d’un an selon la juridiction. Pendant ce temps, les familles se détruisent, les enfants sont déstabilisés… Y-a-t-il mieux à faire avec plus de juges ? Plusieurs juges par audience ? Plus de moyens ?

Enfin, concernant la recherche de preuves pour vous défende, même si les frais de détective privé peuvent rentrer dans les dépens de justice et être remboursés en dommage et intérêt par la partie adverse, ils restent entièrement à la charge du demandeur qui doit avancer les fonds. Si vous n’avez pas les moyens, vous partez avec un sérieux handicap contre la partie adverse qui, elle, les aura.

 

 

Quel est le pourcentage de dossier d’infidélité que vous traitez ?

En 2018, ils représentaient environ 10 pour-cents des missions.

 

 

En matière d’infidélité, que pensez-vous du fait de suivre un conjoint ou une conjointe pour le prendre la main dans le sac avec son amant ou sa maitresse ?

Je ne peux juger de façon généraliste. Beaucoup de cas sont différents. Déjà sur le fait de tromper, il m’est impossible de juger. Il faut différencier le mari qui trompe à répétition en abandonnant financièrement sa famille, de l’épouse violentée qui se réfugie dans les bras d’un nouveau conjoint par exemple. Certains couples ont dû passer par là pour se reconstruire, d’autres ont fait éclater leur famille… Je me refuse de juger et de prendre parti car l’adultère est un terme péjoratif, au contraire de l’amour. Et beaucoup d’adultères sont synonymes de nouvelles histoires d’amour qui démarrent.

 

 

Quel est l’intérêt de faire suivre son mari ?

Alors déjà votre question sous-entend que les maris sont plus infidèles, alors qu’il y a une réelle proportion égale entre les femmes et les hommes.

Ensuite les intérêts sont multiples. Du simple besoin d’information afin de prendre les décisions adéquates dans son couple, au besoin de preuves pour un divorce pour faute.

 

 

Quel est le style d’enquête qui revient le plus souvent ?

Cela dépend du cabinet de détective qui reste généraliste ou se spécialise. Nous concernant, je dirai qu’il y a environ 50 pour-cents d’enquêtes pour les entreprises, 40 pour-cents pour les particuliers, et 10 pour-cents de pénal et d’assurance.

 

 

Que préférez-vous comme type d’enquête?

La diversité ! C’est pour moi ce qui fait la beauté de cette profession, à savoir passer d’un lundi de concurrence déloyale, au mardi sur un arrêt maladie frauduleux, le mercredi en rendez-vous clientèle, le jeudi à mettre en place une infiltration et le vendredi soir sur un adultère qui vous emmène au ski. ET tout cela avec la même adrénaline, quelques soient les enjeux, car lorsqu’une filature démarre, que ce soit pour un enlèvement d’enfant, une concurrence déloyale ou un vol, vous entrez en mode robot et seule votre cible et vos preuves comptent.

C’est d’ailleurs mon secret : garder l’aspect ludique quelques soient les enjeux et la pression, tout en ayant conscience que vous n’avez pas le droit de perdre. Vous ne possédez pas plusieures vies comme dans un jeu, mais bien qu’une seule.

 

 

Avez-vous déjà eu peur ?

Oui bien sûr, comme tout détective je pense. Mais la peur et la gestion du stress fait partie intégrante des compétences que vous vous devez de développer.

 

 

Votre plus grande peur ?

Les requins ! Je plaisante. Le plus souvent ce ne sont pas les missions les plus dangereuses comme l’infiltration de secte ou de réseaux, car vous prenez en amont vos prérogatives. Les plus grandes peurs arrivent souvent à l’improviste lorsqu’un constat qui devait être classique tourne mal et qu’un individu sort une arme à feu.

 

 

Comment réagissez-vous ?

Fort heureusement ce n’est arrivé qu’une fois. Et bien…vous improvisez et essayer de résonner la personne.

 

 

Quelles types d’entreprises fait appel à vous ?

Toutes sans exception. De la PME au CAC 40. Toute entreprise ayant des problèmes de concurrence déloyale, de vol interne ou externe, de contrefaçon ou de simples arrêts maladies frauduleux ont besoin des détectives privés.

 

 

Les arrêts maladies ?

Oui de plus en plus. Un salarié se met en arrêt maladie et travail au noir chez la concurrence par exemple ou refait sa toiture. Pendant ce temps l’entreprise ne peut embaucher.

 

 

Vous arrive-t-il de refuser des missions ? ET si oui pourquoi ?

Toutes les semaines ! Pourquoi ? Et bien parce que le but est illégal, immoral ou illégitime. Parce que le feeling ne passe pas avec le mandant et que vous sentez un but détourné. Il m’arrive aussi certaine fois de refuser une mission car je ne suis pas un sur-homme et lorsque vous sortez de 2 mois de missions en réseau pédophile, je ne me sens pas moralement d’enchaîner 2 mois sur un nouveau du même type car je vous assure que vous avez du mal à dormir. Alors je refuse ou le plus souvent l’accepte sans aller sur le terrain, en envoyant mes enquêteurs. Une bonne équipe permet cela.

 

 

Touchez-vous au milieu politique dans vos investigations?

La politique de manière générale non, car je ne verrai pas trop quelle mission légale je pourrais effectuer en politique. Hormis effectuer des investigations dans le but de donner des moyens de pression, de faire du chantage… Par contre il m’est déjà arrivé d’avoir des hommes politiques comme cible en matière privée ou professionnelles, car ce sont des citoyens comme les autres, comme vous et moi.

 

 

Des noms ?

Avez-vous déjà entendu parler du secret professionnel ?

 

 

Avez-vous de bons rapports avec les autres détectives ?

Avec mes enquêteurs salariés oui bien entendu. C’est d’ailleurs primordial car vous vous confiez vos vies assez souvent. Nous sommes une petite famille. Avec les confrères et bien, comme dans toute profession, j’en ai de très bons avec les détectives de confiances et aucun rapports avec ceux qui n’ont pas la même déontologie et ne pensent qu’au business, au détriment de l’aspect humain qui doit rester une priorité.

 

 

Y-a-t-il beaucoup d’escrocs ou de détectives peu scrupuleux ?

« Escrocs » vous y allez fort ! Des détectives ayant une morale discutable existent bien sûr, mais comme dans toutes les professions. Heureusement ils ne sont qu’une minorité et le vieux détective barbouze des années 60 a vite été remplacé par le détective juriste, moral, formé et respectant le code de déontologie. Sinon, il ne dure pas longtemps dans la profession.

 

 

On vous sent avant tout humain, avez-vous toujours été comme cela ?

On rentre dans la psychologie là… Vous demanderez à mes parents !

 

 

Comment expliquez-vous cette ascension en si peu de temps ?

Je ne parlerai pas d’ascension, mais plutôt de convictions. Quand vous êtes convaincu que vous pouvez aider vos clients, que vous vous battez sur chaque dossier, vos rapports commencent à faire du bruit devant les tribunaux, et les avocats commencent à le savoir. Avec le temps, vous vous développez votre réseau. On ne cherche pas un détective sur les pages jaunes ou internet en principe, on demande à son avocat ou on est conseillé par le bouche à oreille. Et lorsque vous êtes compétent… Heureusement je suis loin d’être le seul détective compétent en France, si tant est qu’on me juge comme tel.

 

 

Vous évoquiez l’infiltration, en faites-vous beaucoup ?

Personnellement plus du tout car je dois gérer mes clients et une infiltration vous coupe du monde pendant des semaines, voire des mois, alors je les mets en place et les gère de l’extérieur avec mes agents infiltrés. J’en ai fait beaucoup il y a plusieurs années oui.

 

 

Comment cela se passe-t-il ?

Tout dépend du type d’infiltration déjà. Une entreprise, un réseau, une secte ? Tout d’abord vous mettez en place votre couverture et c’est 50 pourcents de la réussite de l’infiltration. Vous achetez par exemple un compte Facebook et d’autres réseaux sociaux datant de plus de 10 ans. En effet vous ne pouvez pas tout créer car cela paraitra trop étrange si quelqu’un vérifie et qu’il s’aperçoit que tout votre passif vient d’être créé. Ou vivez-vous ? Location ponctuelle ? Colocation ? Hôtel ?  Ensuite vous vous occupez de votre entrée. En entreprise vous privilégierez l’intérim, le stage, le CDD. Pour une secte vous passerez du temps dans des lieux publics après avoir identifié les recruteurs. Impossible d’aller frapper à la porte d’une secte pour postuler !

Une fois infiltré il faudra s’adapter, puis recueillir les preuves qui seront différentes selon le cas.

Pour finir vous organiserez votre sortie en préservant votre couverture, et prendrez les dispositions nécessaires afin de faire valoir les éléments recueillis devant la justice ou dans le cadre d’une instruction menant à des arrestations, perquisitions…

Ah…j’oubliais l’essentiel…vous prendrez de bonnes vacances après !

 

 

Quels conseils donneriez-vous à tous ceux qui rêvent d’être à votre place ?

De ne pas rêver d’être à ma place mais plutôt de devenir le détective privé que vous devez être, avec vos techniques d’investigation, vos compétences propres, vos choix de spécialisation… en gros le détective qui vous plaît. L’assurance plaira à certain, pas à d’autres. Le terrain sera préféré parfois, l’enquête administrative d’autres fois. Même si nous avons tous nos mentors, chaque détective est différent. Par exemple, même avec mon associé et meilleur ami depuis ma jeunesse, nous avons une distance de filature légèrement différente. Mais il n’y a pas une façon de suivre meilleure que l’autre, l’essentiel étant qu’elle soit adaptée à sa propre personne.

 

 

Intervenez-vous à l’international ?

Oui beaucoup. Le droit d’investigation peut différer d’ailleurs d’un pays à un autre. Une analyse du pays devra être faite scrupuleusement. Il y a par exemple des pays où vous ne pouvez pas agir sans un appuie local. D’autres où vous devez garantir la sécurité des enquêteurs. Enfin il y a certains pays où l’investigation est malheureusement juste impossible.

 

 

Quelle est votre ambition pour les années à venir ? Continuer à vous développer ?

La principale ambition sera de garder le même plaisir à travailler, et que mon équipe le préserve aussi. Après concernant le développement, ce n’est pas un but mais ce sont nos clients qui nous développent en étant de plus en plus nombreux. Mais un bon détective est rare, et nous préférons la qualité des missions à la quantité.

 

 

Vous recrutez ?

Nous sommes continuellement en recherche d’agents de recherche compétents.

 

 

Que me faut-il pour être admis chez Investipole ?

Un agrément et un diplôme de détective privé déjà ! Puis que vous répondiez au critère de compétence et que vous réussissiez les essais. Si vous êtes passionnées et motivées, ensuite, tout s’apprend.

 

 

Recrutez-vous des femmes détectives ?

Heureusement ! Une femme a des atouts que beaucoup d’hommes n’ont pas pour faire parler, souvent, on se méfie moins ! Sans rire oui bien entendu, d’ailleurs, mon meilleur détective en matière de filature est une femme.

 

 

Où se situent vos agences de détective privé en France?

Au jour d’aujourd’hui notre siège est à Lyon, pour plus de facilité, étant au centre de la France. Sinon nous avons trois agences en région parisienne, deux agences dans les Bouches-du-Rhône et cinq en région Rhône-Alpes.

 

 

Merci Mr Liobard pour cet entretien qui je pense donnera envie à beaucoup d’entre nous de devenir détective !

Attention car vous ne m’avez fait évoquer que les bons côtés de la profession. Il y a beaucoup de point bien plus sombres régissant votre quotidien, car vous n’annoncez pas toujours que des bonnes nouvelles…

Merci à vous

 

 

Pauline Gavernot