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23 janvier 2018  

Un peu sceptique à l'idée de faire appel à une agence de détective privé, et rempli d'a-priori, j'ai enfin franchi le pas, bien poussé par mon avocat. Je n'ai pas l'habitude de laisser des avis, mais je tenais vraiment à remercier toute l'équipe car vous avez été formidable.

Mention spéciale pour l'accompagnement humain...ne changez rien !
Comme promis, je vous tiendrai informé de mon divorce.

26 février 2018  

Je ne laisse jamais de commentaire habituellement mais pour cette fois je fais une exception. Inquiet à l'idée "d'engager" un detective, j'ai été agréablement surpris par l'accueil, les conseils et la qualité de la prestation. Rien à redire. Merci
Éric

 

Interview du gérant 10/10/2017-La Tribune-

Nous rencontrons ce jour Mr David LIOBARD, détective privé, gérant et fondateur d’INVESTIPOLE , dans le salon d’un hôtel parisien.

 

Bonjour, pouvez-vous tout d’abord effectuer quelques petites présentations.

La vôtre pour commencer ?

Bonjour, David LIOBARD, 35 ans, détective agent de recherche privé depuis 14 ans, et directeur et co-fondateur d’INVESTIPOLE depuis 2007.

Celle d’INVESTIPOLE ?

Nous avons créé la première agence INVESTIPOLE à Lyon, Mr Magne (son associé) et moi-même en 2007. Petit à petit, plusieurs agences ont été ouvertes en région Rhône-Alpes, parisienne et PACA. Aujourd’hui, l’agence de Lyon est devenue le siège principal.

Celle de la profession de détective privé ?

Officiellement, un détective privé est un spécialiste de la recherche de la preuve, pour les professionnels et les particuliers. De nos jours, je lui ajouterai un rôle d’assistance et de conseil en matière juridique. En effet, il n’est pas tout d’obtenir les preuves pour nos clients, il faut aussi les aiguiller sur ce qu’ils en feront ensuite.

 

Quel est le pourcentage d’enquêtes professionnelles et d’enquêtes privées réalisées en France, chaque année ?

Concernant l’ensemble de la profession, je ne peux pas vous répondre, je n’en ai aucune idée. Concernant Investipole, je dirai qu’au niveau du temps passé sur le terrain par nos enquêteurs, il doit s’approcher de 30% d’enquêtes privées, et de 70% d’enquêtes professionnelles. Cela s’explique notamment par le temps nécessaire à la réalisation des investigations. Une infiltration en entreprise, par exemple, peut durer plusieurs mois, là où une recherche d’adresse pour un client particulier durera quelques heures seulement.

 

Quel est le type d’investigations que vous préférez ?

Je dirai concernant le travail de terrain… les missions qui nous donnent du fil à retordre et celles comportant des éléments qui sortent de l’ordinaire. Concernant la catégorie de missions, je répondrais celles touchant aux enfants, disparitions, pédophilie… car ce sont peut-être les investigations dont les enjeux nous touchent le plus profondément, même si ce sont celles qui vous empêchent le plus de dormir !

 

En avez-vous beaucoup ?

Trop malheureusement… nous aimerions être moins sollicités, cela voudrait dire que moins d’enfants sont en danger.

 

Avez-vous suivis le feuilleton Maëlys ?

« Feuilleton » ne me semble pas être le terme approprié, mais oui, j’ai malheureusement suivi l’affaire, comme beaucoup de français.

Est-ce une enquête que vous auriez pu accepter ?

Je ne peux pas vous répondre, peut-être. Pour accepter une enquête de disparition, il faut d’abord analyser les éléments fournis par le mandant, et pouvoir proposer une stratégie d’investigations en fonction. Enfin, il ne faut pas faire entrave au bon déroulement de l’enquête des forces de l’ordre. Si tous ces éléments sont réunis, ma réponse est oui.

Pensez-vous que l’enquête de Police effectuée sur l’affaire Maëlys est été correctement réalisée ? Comment auriez-vous procéder ?

Encore une fois, je suis désolé, mais je n’ai eu, comme vous, que les informations données dans la presse, et ne connais pas le dossier d’enquête pour pouvoir vous réponde. Nous aurions, en parallèle, effectué des interrogatoires, des recherches de témoins, des alertes presse, des appels aux maîtres-chiens, éventuellement des surveillances / filatures de personnes soupçonnées…etc. Cela m’a l’aire d’être ce qui a été fait, des dires des médias.

 

Parlez-nous de votre équipe, quels sont les différents profils ?

Pour devenir détective privé chez Investipole, il faut absolument que vous ayez une parfaite maîtrise de la conduite. Il s’agit de la base pour le travail de terrain, principalement pour les filatures. Nous effectuons, par exemple, chaque année, des cessions de circuit ou de rallye afin de nous maintenir continuellement à niveau. La deuxième maîtrise est celle du stress. Il faut absolument être capable de garder son calme, la maitrise de soi et son professionnalisme en toute circonstance. Enfin, une maîtrise du droit est impérative. La moindre erreur sur votre rapport ou dans vos interventions peut être dramatique. Tout le reste, pour moi, est secondaire car une fois que les bases sont là, tout s’apprend ensuite.

Quelle est la principale difficulté pour devenir un bon enquêteur ?

Sans hésitation la coordination. Il est déjà assez difficile de conduire rapidement, de ne pas vous faire repérer, de prendre des photos, de parler stratégie… mais le faire en même temps l’est encore beaucoup plus. Vous allez rire mais si vous jouez un peu de batterie, vous y verrez un parallèle (je sors la métaphore chaque année à mes élèves). Pour devenir batteur, vous devez acquérir une totale indépendance de vos quatre membres. Votre bras gauche joue un rythme pendant que votre pied droit en joue un autre…etc. C’est un peu la même chose en filature, il faut garder tous vos sens en éveil, et même les sixièmes, septièmes, huitièmes… Essayez demain, en plein centre-ville, en pleine heure de pointe, de suivre un véhicule, tout en faisant attention à la circulation, aux piétons… sans être vu, et de prendre la bonne photo de votre cible lorsqu’elle entre quelque part et vous verrez.

J’ajouterai derrière la disponibilité personnelle demandée par la profession, comme pour tous les métiers d’urgentistes. C’est souvent la raison qui pousse certains enquêteurs à abandonner au bout de quelques années.

 

La profession a-t-elle changée depuis vos débuts ?

Je ne suis pas si vieux hein ! Sans rire je dirais que le progrès nous a d’abord permis d’augmenter la qualité de nos preuves. Le matériel Photo, GPS, Internet, informatique…nous donne beaucoup plus de réactivité, de confort et de sécurité. Par exemple, en photographie, les zooms ont augmentés, nous permettant de nous positionner plus loin de nos cibles pour la même qualité d’image. Les téléphones portables qui évoluent à grande vitesse, possèdent désormais une bien meilleure qualité que les caméras-cachées ou même les appareils compacts. Internet est devenu une source d’information capitale, par ses réseaux sociaux, ses données au greffe…

 

Que pensez-vous de la production des photos comme preuve devant la Justice ? Il y a deux écoles non ?

Je n’étais pas au courant de la deuxième école (rire). Ou alors il y a l’école de la vérité et celle des mauvais enquêteurs, ceux qui répètent que le rapport écrit fait fois…parce qu’ils ne savent pas prendre de photos ! Bien entendu que les photos sont recevables devant les juges. J’ajouterai même que dans beaucoup de procès, une photo peut valoir bien plus que des dizaines de pages de rapport. En toute sincérité, même si les détectives sont agréés, pour nous, un rapport écrit ne vaut pas grand-chose. Allez dire à un juge au fin fond de la Belgique que c’est un rapport Investipole et qu’il ne peut être remis en cause…il vous rira au nez ! Nous partons du principe que c’est la qualité des preuves, et notamment des photos qui porteront leurs fruits devant le tribunal, et non la renommée de votre agence, ou son agrément. Un petit conseil, si un détective vous dit que le rapport écrit fait fois et qu’il n’y a pas besoin de photos, fuyez !

 

Mais une photo peut être trafiquée non ?

Oui, comme toute empreinte, tout document, toute vidéo… Il faudra alors prouver qu’elle est fausse. Je vous rassure, je n’ai jamais eu écho, dans toute ma carrière, d’une photo de détective trafiquée en Justice.

 

Vous semblez être remonté contre certain autre détectives ?

Remonté absolument pas. Nous sommes une profession libérale et chacun la pratique sont ses compétences et sa déontologie. Je n’ai pas besoin d’être remonté contre ceux ayant une déontologie, nous dirons limitée, car ils ne durent pas très longtemps. Cela peut juste donner une image néfaste de la profession à certain clients, juste parce qu’ils ont choisis la mauvaise personne. Mais c’est bien entendue la même chose chez les avocats, huissiers…et même dans presque toutes les professions, ce n’est pas réservé aux détectives.

 

Comment choisir un bon détective privé ?

Premièrement, renseignez-vous. Auprès de votre avocat, de votre entourage ensuite. Si vous ne pouvez pas, renseignez-vous sur internet. Société.com et Infogreffe vous donneront gratuitement l’expérience et les chiffres d’affaires des agences. S’ils n’apparaissent pas, déjà, il peut y avoir un problème. Ensuite, lors de votre premier contact téléphonique, n’hésitez pas à bombarder votre interlocuteur de questions, sur son parcours, sa stratégie, ses conseils… Enfin, exigez, sauf impossibilité de votre part, un rendez-vous. Vérifiez qu’il y a bien une agence derrière l’individu qui vous reçoit.

 

Des détectives sont seuls, d’autres regroupés en agence, qui faut-il privilégier ?

Difficile pour moi de me prononcer sans me mettre des confrères à dos ! Il y a des agences et des indépendants. Si vous devez faire réaliser des investigations de terrain de plusieurs jours ou semaines, mon avis est de privilégier les agences de plusieurs agents, car ils peuvent tourner entre eux et garantir plus de discrétion. Souvent, les agences ont plus de moyens. Si votre rapport est susceptible de passer en justice, vous aurez souvent plus de garantie auprès d’une agence aussi. Après, je connais aussi de très bons indépendants et de très mauvaises agences, donc ce n’est pas une science exacte. A vous de faire le bon choix.

Comment vérifier s’il y a plusieurs enquêteurs dans une agence ?

Demandez-le déjà. Ensuite, regardez les chiffres d’affaire. Si vous voyez un chiffre inférieur à 100 000 euros annuels, il y a de fortes chances qu’il n’y ait qu’un seul détective. Mais attention, ne me faite pas dire que tous les détectives seuls sont à éviter, car ce n’est pas le cas. Certains peuvent aussi être un peu plus disponibles. Pour de courtes recherches ayant pour but une simple information et non un rapport juridique (recherche de téléphone par exemple…), ne nécessitant pas ou peu de terrain, un indépendant sera peut-être légèrement moins cher, car non soumis à la TVA.

 

Combien d’agences Investipole possédez-vous ?

12 actuellement.

 

D’où vous vient cette ambition ?

Cela va vous paraître étrange, mais la création ne résulte pas d’une quelconque ambition. Nous créons une agence le plus souvent par la force des choses, et pour répondre à une demande. Nos clients ont besoin de proximité. La dernière agence à Boulogne, par exemple, vient du fait que beaucoup de clients y résidant sollicitaient notre agence de Paris. Nous avons donc créé une agence à Boulogne pour plus de proximité avec eux. Nous refusons aussi plusieurs missions, si nous ne pouvons être sûr à 100% de pouvoir les réaliser. Enfin, le nombre d’agences d’une entreprise ne reflète en rien sa qualité. Regardez l’un des plus grands groupe automobile, cela ne l’a pas empêché d’être épinglé sur ses contrôles. Notre nombre d’agence n’a jamais été un argument commercial.

 

Quels sont vos arguments que vous mettez en avant alors ?

Le plus souvent, nous n’utilisons aucun argument. Nos clients se renseignent sur Investipole auprès de leurs avocats, conseillers, réseau. Je suis de l’école qui pense qu’un travail de qualité, avec le temps, vaut les meilleurs des commerciaux. Il faut savoir qu’un rapport de détective qui fait gagner un procès est vu par l’avocat de votre client, celui de la partie adverse, un juge, et éventuellement de nombreux autres juristes. Notre renommée s’est faite ainsi. Enfin, pour réussir dans la profession, il ne faut pas hésiter à refuser des clients, et non vouloir faire du « chiffre », afin de pouvoir satisfaire vos clients actuels. Un petit conseil aux jeunes débutants, entrant dans la profession.

 

Avez-vous déjà travaillé gratuitement pour un client ?

J’hésite à vous répondre sinon tout le monde va nous demander de travailler gratuitement ! Un détective gratuit ne doit pas exister légalement parlant. Après…vous êtes parfois sollicité pour des dossiers très affectant moralement, avec des clients démunis. Dans de très rares cas, cela m’est déjà arrivé oui, mais les circonstances étaient exceptionnelles. Un rêve d’ailleurs, serait de créer une école de détective, proposant des services d’investigations gratuites pour les clients les plus démunis, qui ne peuvent payer. En effet, aucune aide juridictionnelle n’existe pour l’investigation privée. Les élèves pourraient effectuer ces missions et emmagasiner de l’expérience, tandis que les clients démunis profiteraient sans payer de leur savoir. Le rêve se transformera peut-être en projet un jour.

 

Pensez-vous à votre reconversion ?

Pas du tout. Je pense être un privilégié. Je suis drogué par l’investigation, je vis de ma passion, c’est un luxe. Et la retraite est encore très loin.

 

Avez-vous le temps pour votre vie de famille ?

Heureusement ! Je pense que le métier de détective privé demande un équilibre familial important. Même s’il demande des sacrifices, il est primordial de préserver son bonheur auprès de ses enfants, sa famille, ses amis, afin que le travail ne devienne pas une corvée, mais reste un plaisir.

 

Voyagez-vous beaucoup en France et à l’étranger ?

Oui, nous n’arrêtons pas, surtout cette année.

Pour quel type de mission ?

Les mêmes qu’en France, privées et professionnelles.

Est-ce plus ou moins difficile ?

Il n’y a pas de règle. Chaque pays a ses avantages et ses difficultés. Si la stratégie est bien réfléchie, généralement il n’y a que très peu de difficultés supplémentaires. Les principales résideront de la barrière de la langue pour certains états, de la discrétion des enquêteurs, ou du droit national en rigueur. En Chine, par exemple, un permis chinois est nécessaire pour toute location de véhicule.

 

Avez-vous déjà eu peur en mission ?

Comme tout enquêteur je pense, oui bien entendue.

Votre plus grosse frayeur ?

Il y en a eu beaucoup, mais je dirai en Infiltration de secte. Vous voyez des évènements inhumains se dérouler devant vous. Vous avez à faire à des personnes ayant perdu toute humanité, qui vous testent et sont capables de tout s’ils décèlent le moindre soupçon. Je ne rentrerai volontairement pas dans les détails.

 

Portez-vous une arme ?

Depuis le début de ma carrière, le nombre de fois où j’ai accepté de porter une arme se compte sur les doigts d’une main. C’est un choix. Nous faisons pas d’arrestation, ne sommes pas des policiers. En cas d’extrême danger cela m’est arrivé, mais je pars du principe qu’avoir une arme est forcément source de problèmes. La posséder peut déjà modifier ma perception, ma confiance et alors mes prises de risques. La qualité de mon travail s’en retrouverait affectée. Et si vous vous retrouvez à sortir votre arme, vous serez ennuyés quoique vous fassiez. Je préfère alors éviter. En plus, je n’aime pas ça. Mes meilleures armes sont ma discrétion, mes jambes pour courir et mon cerveau !

 

Comment jugez-vous vos rapports avec les forces de Police ? Avez-vous souvent à faire à eux ?

Généralement très bons. Tout d’abord, pour certains dossiers, il s’agit d’une vraie collaboration. Ils ont des moyens d’enquêtes limités et nous avons des moyens d’arrestation ou de perquisitions nulles. En matière de vol par exemple, nos détectives effectuent les investigations, organisent la perquisition qui sera faite par la Police. En matière de disparition, plus il y a de monde et plus il y a de chance de retrouver la personne disparue.

Concernant le code de la route aussi, ils sont généralement très compréhensifs lorsque nous l’enfreignons, quelques centaines de fois par jour ! Ils comprennent le but moral, légal et légitime de nos missions.

 

Merci beaucoup de nous avoir reçus et de nous avoir accordé de votre temps si cher. Une dernière question s’il vous plaît avant de vous libérer : pourquoi refuser autant votre médiatisation, et notamment les interviews ?

Cela vous a intrigué ?

Quelque peu oui.

Plusieurs raisons. La première est une question d’image. Nous devons avoir une image de discrétion. Que penseraient tous les avocats, chefs d’entreprises ou autres clients à qui nous jurons discrétion, s’ils nous voyaient chaque semaine dans la presse ?

La deuxième est l’impossibilité de faire confiance à beaucoup de journalistes sur la réalité de nos propos ou du reportage. Il faut souvent vendre le papier, et notre profession est très propice à cela. Un exemple : un jour, à mes débuts, un journaliste me réalise une interview très sérieuse sur les détectives privés et le monde de l’entreprise, pendant près de deux heures. A la fin, devant son café, il me demande une anecdote un peu marrante, hors interview. Je lui site une filature en club échangiste de la semaine précédente. Trois jours après, le titre de l’interview : Les détectives envahissent les clubs échangistes !

La troisième est le temps qui nous est compté.

Nous acceptons généralement la médiatisation uniquement pour appuyer un dossier et aider nos clients, comme pour une disparition par exemple, lorsque nous recherchons des témoins.

 

E. Van Hoorept – La Tribune